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 forêt fantôme -- aidan

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Eoin O'Shea

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MessageSujet: forêt fantôme -- aidan   forêt fantôme -- aidan EmptyMar 9 Avr - 22:10


- - - - - ☽ ☽ - - - - -

forêt fantôme ◦ ça lui tombe sur la gueule sans prévenir, pas même une goutte sur la joue, pas même le soupçon d'un éclair au plus profond de l'horizon. ça vient comme ça vient, et ça vient trop vite, ça vient trop fort. y'a tout qui coule autour de lui, c'est même pas que de la pluie, parce que ça fait assez mal pour qu'il peste, pour qu'il se magne au possible et qu'il admire la chute de l'empire humain de derrière une vitre - à la manière d'un visiteur qui chouine s'il en a pas eu pour son argent. y'a son sac sur son dos qui s'imbibe, y'a sa course pour trouver un commerce dans lequel se caler, juste attendre que ça se passe, ça se tasse comme poussière sous tapis - rien à cacher, juste à se mettre sous un toit avant de choper la mort à défaut de l'avoir été une fois. il aurait été beau, eoin, un bouquet de chrysanthèmes entre les mains, donnant la sensation à son entourage qu'il se tape le sommeil de sa vie - qu'il se réveillera un beau jour, sortira du cercueil et soufflera toute sa mésaventure, son histoire sans fin aux allures oniriques. il trouve finalement, s'y engouffre, lapin qui se jette dans son terrier avant de se faire bouffer. il passe une main dans sa tignasse trempée, ses fringues sont flingués, il a un poil mal aux joues qu'ont pas supporté la grêle qui s'est abattue - d'un rouge timide dont seules les femmes s'empourprent au petit matin grâce aux pétales de roses. il racle le fond de sa gorge, porte à peine attention à l'intérieur de la boutique - il y fait rapidement le tour, eoin, en levant juste les yeux. y'a toutes les cochonneries de la ville qui y traîne, des statuettes, des drapeaux, des cartes postales et même du pseudo authentique réalisé sur place, mais qu'a bien été délocalisé en chine ou en ukraine.

coup de manche de veste sur sa face pour éponger les gouttes sur sa gueule, il fait un pas, deux pas. il est le faux espoir d'être le touriste qui malgré les intempéries veut son monument à ramener à la maison, à filer à grand-mère pour qu'elle ait un souvenir jamais vécu - et à madame aussi parce que faut bien faire les choses et qu'un chiffon en tartan c'est trop ennuyeux. froncement de sourcils, y'a qu'une ombre derrière le comptoir qu'a le cul posée, bien vissée, qui paraît lire un bouquin assez gros - puis ça se relève, ça se redresse, c'est interpellé parce que c'est tellement vide entre les quatre murs qu'il fait éléphant dans un bouiboui de porcelaines. haussement de sourcils, ça se croise et ça l'interpelle, un tacle qui le fait se bouffer le bitume et lui arrache quelques lambeaux de peau sur le menton. ça flotte au-dessus de lui, ça recherche dans l'esprit les traits effacés qui rappellent qu'une écriture dégueulasse et des récits à shanghai qui laissent qu'un rire sec. ça se collectionne, ça se foutra pas sur le frigo parce que ça vaudra jamais une belle note, ça se jette aussi parce que le sentimentalisme ça a pas que du bon. il est pas sûr, y'a un sourire sucré-acide qui vient tirer les traits de sa face. l'adulte en disgrâce qui fait minuscule, qu'analyse les points de convergence - là où ça s'est modifié, modelé, là où c'est resté pareil. lourdeur d'un ciel orageux dans le regard, sorte de rictus éternel tatoué à même la joue - y'a un doute, y'a pas vraiment de doute.

il pourrait bien faire du tout cuit, eoin, du tout prémâché et du recraché à toutes les sauces. du
quelle surprise !
du
oh, toi ici !
du
ça f'sait longtemps
du
tu deviens quoi ?

coup de vieux monumental - il sentirait presque ses os craquer sous chacun de ses gestes. il serre un peu plus fort la lanière de son sac.
- et merde.
l'a jamais été doué, eoin, pour faire claquer la glace, pour jeter un caillou dedans et se jeter dans le cadre du miroir - l'a jamais été que doué pour courber l'échine et accepter.
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Aidan Selkirk

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MessageSujet: Re: forêt fantôme -- aidan   forêt fantôme -- aidan EmptyMar 9 Avr - 23:16


- - - - - ☽ ☽ - - - - -

forêt fantôme ◦ il a le gris en ligne de mire, l’horizon qui se détend au gré des nuages plein d’orages - il y a pas masse de touristes qui se bousculent, irlandais ou non, pour lui tenir compagnie. pour parler du beau temps à défaut de se bouffer une averse - il y a bien que le pasteur pour lui rendre visite depuis deux semaines. quelques curieux et quelques vieilles connaissances, amis de ses parents pour l’accueillir là où il devrait les accueillir. quelques plaintes et quelques sourires enjolivés. il y a personne qui s’attarderait à lui demander combien de temps il reste - d’ailleurs tout l’monde s’en fout. tout le monde regrette déjà son père comme s’il avançait jusqu’à sa tombe à pieds joints. alors, quand il rentre chez sa mère aidan, passé dix-huit heures, c’est toujours pour se plaindre du reste du monde. pour proposer à ses parents de vendre la boutique au plus offrant pour le peu que ça rapporte dans la période creuse. pour mettre sur pattes un millier d’alternatives au moins, mais pas dùchann, même si on y mange bien, même si les cartes postales à l’entrée de la boutique sont franchement adorables.
c’est qu’il regrette dublin, qu’il a toujours regretté dublin - et qu’il a toujours son regretté poste d’enseignant à l’université dans un coin de la tête pour égayer l’ennui mortel qui le sied. il a l’air de s’faire chier aidan, il s’en cache à peine, planqué, le nez dans un livre de science-fiction parce que faut bien admettre qu’il a déjà fait deux fois le tour de la bibliothèque. c’est qu’il faut au moins la grêle et le chant mélodieux du rossignol (quoique exagéré) en plastique qui guette l’entrée pour le sortir de son histoire sans refermer pour autant son livre. c’est qu’il avait pas prévu de recueillir tous les chiens errants de la bute. parce qu’il est trempé, l’autre, et qu’il est pas question de lui proposer de sécher ses vêtements sur un des radiateurs en attendant de voir passer le train. sourire tout à fait convenable, son regard se pose ironiquement sur quelques parapluies ‘i love dùchann’ parce qu’il le remet pas de suite. qu’il est toujours sur la planète xanar en compagnie des serrakins et dissimule si mal son agacement.
deux, peut-être trois minutes. c’est ce qu’il lui faut pour faire le chemin inverse, pour identifier l’homme sous l’épaisse tignasse brune qui semble, à s’y méprendre, avoir pris la mauvaise décision. alors aidan ferme lentement son bouquin de ses deux mains tout en restant le cul vissé sur sa chaise - faudrait pas qu’il ouvre trop grand la bouche non plus. parce que le passé appartient au passé et qu’il a pas l’intention de remuer la terre ou de s’improviser coiffeur.
eoin, il avait rien à faire ici. c’était pas son petit patelin. il avait ni famille ni ami ici. parce qu’à mieux considérer, ils n’étaient plus que de vagues connaissances tous les deux, incapables, même, de se reconnaître au premier coup d’œil. vingt ans, quelque chose dans ces eaux-là, il en est plus certain. à croire que la mer ramène tous les éclopés du coin, pourtant ça lui fait un pincement - là - de le revoir. c’est pas juste une énième carte de dublin (et encore qu’il a envoyé des doubles, eoin), c’était de le voir là, dans sa flaque d’eau, à dégueuler l’océan.
- wow, bah. salut. il pose son livre à côté de lui, pas loin de la caisse qu’est foncièrement vide depuis des semaines mais qu’il remplit avec son propre argent. j’savais pas que t’étais dans l’coin - ça fait plaisir. il sait pas encore si ça fait plaisir mais au moins ça lui fait bizarre, ça lui fait quelques remous dans le ventre, quelques regrets jamais exprimés parce qu’il aurait pu mieux faire que ce soit eoin ou quelqu’un d’autre. qu’il a toujours été ce bâton planté si profondément dans le sable qu’il ne plie pas là où la terre finie. le courage du marin, dans un sens puis dans un autre, qui fixe le nord sans équipage. il a pas les remords qui vont avec aidan, le rêve américain qui défie les pages de la belle littérature du xixe siècle.
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Eoin O'Shea

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MessageSujet: Re: forêt fantôme -- aidan   forêt fantôme -- aidan EmptyMar 9 Avr - 23:30


- - - - - ☽ ☽ - - - - -

forêt fantôme ◦ il aurait préféré rejoindre l'atlantide, y rencontrer les civils et partager avec eux les connaissances qui se rejoignent à un moment donné. au mieux il aurait passé sa vie là-bas, au pire il aurait fini au fond de la flotte, à pourrir et à gonfler au fond de l'océan. il devrait sans doute se tailler, souffler que c'est qu'un passage éclair et qu'il préfère affronter l'extérieur plutôt qu'un regard - n'empêche que c'est totalement faux et qu'il a le courage d'un rat face à un loup. il racle le fond de sa gorge, écoute les quelques gouttes qui viennent tomber sur le parquet, ça intime presque un rythme jusqu'à la cassure grâce au bouquin dont les pages se rejoignent, il en verrait presque la poussière se tailler. ça pince un peu partout, une extrémité puis une autre, un organe puis un autre. ça joue pelote dans ses viscères, ça les mélange en fait un rubix cube impossible à terminer - alors faut juste boucler un côté pour faire semblant d'avoir réalisé la victoire du siècle. y'a bien le silence qui s'impose, s'entrecoupe de deux phrases qu'aidan veut bien amorcer - ça détend tout juste les muscles qu'ont la même raideur que la corde d'un arc prêt à claquer à la moindre pression. paraît que ça fait plaisir selon lui, paraît qu'il a rien à foutre ici, l'un, l'autre, c'était pas prévu, c'est presque performatif tellement ça en devient ridicule - il a pas eu son souvenir made in dùchann. il est tenté de lui reprocher, il la boucle en essayant de faire un minimum d'ordre dans ses idées - il aurait presque oublié le timbre grave qui tire tellement vers le bas qu'il en voit plus le fond.
- salut. puis comment va la famille, puis comment vont les gosses si y'en a à appeler, puis comment va tout le reste, le chien même si y'en a un, ou le chat si faut choisir - ou pourquoi pas les deux. il se sent pas vraiment de s'avancer plus, ni de relâcher la pression dans ses épaules, il renifle un peu, eoin, avec sa dégaine de bâtard mouillé qu'est tout bon à jeter à la fourrière. il doit pas vraiment comprendre, l'autre, ce qu'il fout ici dans un coin plus petit, à peine plus reculé mais bizarrement plus vivable - plus digeste qu'une capitale qui se respecte.
- j'pensais pas un jour te voir bosser dans une boutique de souv'nirs. il aurait eu plus de facilités à le voir roi, tête d'un empire qui vend, revend, qu'arrête pas de faire des allers puis des retours entre plusieurs pays. peut-être qu'il se trompe eoin, pour ce qu'il en sait. tête qui se penche vaguement sur le côté, il se rapproche quand même un peu - veut pas la jouer bête farouche ou pire encore, greluche qui sait plus sur quel pied danser et faire vibrer ses talons aiguilles.

- entre shanghai et ici... y'a un sacré écart.
- le genre d'écart qui fout des claquages. j'pense.

ça se coupe de petits temps, ça fait comme une valse sans besoin de faire mouvoir le corps - il laisse planer un genre de sourire, eoin, à défaut de faire mieux, d'offrir mieux.
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MessageSujet: Re: forêt fantôme -- aidan   forêt fantôme -- aidan EmptyMar 9 Avr - 23:46


- - - - - ☽ ☽ - - - - -

forêt fantôme ◦ il y a plusieurs tambours battants, sûrement même un orchestre de cuivres dans la poitrine. magnétoscope qui raille toute la bande magnétique, il y a des images qui lui reviennent aidan, à quelques kilomètres de là, il y a des concours de bières dont il s’est jamais remis, dont il a encore le goût fort et âcre entre et à travers de la gorge. et puis il y avait ces après-midis à ne rien faire - eoin dans ses fiches de révisions et lui, il sait plus trop ce qu’il faisait aidan mais il était là, le nez dans d’autres thèses, à renifler le papier ocre comme un doberman. sûrement que l’autre était plus studieux, tout le monde l’était. sûrement que ça voulait plus rien dire maintenant qu’il était là, reclus, dans une vieille boutique de souvenirs à vendre des écharpes, des coupe-vent et des jeux de cartes. il était curieux aidan, des turbulences qui conduisent ici, à dùchann. loin des idées rafraîchissantes de la capitale. loin de l’ambition promise par la prise récurrente de médicaments. qu’est-ce qu’il faisait là eoin ? il y a déjà assez de compteurs de moutons pour trois générations.
- mon père est malade. il lui laisse tirer les conclusions bien sûr, pas besoin qu’il s’apitoie comme ils le font tous à l’évocation du cancer de son père alors il hausse les épaules avec nonchalance. parce qu’il est certainement pas là pour cueillir les marguerites après la pluie aidan. et —
l’évocation de shanghai lui file le bourdon. parce que ça n’a jamais été aussi bien résumé qu’à travers ses lettres qu’il lui envoyait par vanité ou par solitude. après avoir bousculé les veilleurs de nuit, en avance. trop occupé dans son travail, affalé dans un coin de bureau. il dort toujours pas, sous la lune, dernière le rideau, convaincu d’avoir fait le bon choix sans pour autant avoir la possibilité de pouvoir retomber sur ses pattes. à trop ouvrir sa gueule, il est resté par dépit aidan. en chine. dans des préparatifs de mariage qu’il ne souhaitait pas. dernière scène d’adieu qui lui donne une seconde claque alors qu’il se lève, le haut du crâne rampant sous les avions de bois colorés avec soin par sa petite sœur lorsqu’elle avait huit ou dix ans et que son père affectionne particulièrement.
- j’suis revenu vivre à dublin, j’enseigne aux brillants étudiants que nous étions la psychologie cognitive et comportementale.
il sait bien que ça n’a rien à voir mais il a jamais été très intéressé par les techniques de vente et la finance de marché aidan. trop curieux de tout pour se contenter de ne plus rien apprendre une fois son diplôme en poche. bon, c’est un peu en stand-bye pour l’instant parce que j’ai d’autres priorités tu t’en doutes bien. et toi, qu’est-ce que tu fais dans le coin ? j’ai de très belles cartes postales si jamais, même si un parapluie te serait dans l’immédiat plus utile par ce temps.

il s’approche en gardant bonne distance aidan. trop peur de finir comme ces lettres sans timbre poste, qui restent. ces crampes dans l’estomac, le temps de quatre, cinq cigarettes. veste couleur moutarde ou verte. d’entendre quelques murmures, ou la formation du son dans sa bouche.
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Eoin O'Shea

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MessageSujet: Re: forêt fantôme -- aidan   forêt fantôme -- aidan EmptyMer 10 Avr - 10:43


- - - - - ☽ ☽ - - - - -

forêt fantôme ◦ y'a le père à l'agonie qui entre en scène et tout de suite ça fait sens, ça dévoile le noeud de l'histoire, ça laisse les spectateurs sur le cul et dans le silence le plus complet. y'a pas vraiment, encore, le dénouement qui se fait, mais c'est assez suffisant pour la boucler le reste du temps et bêtement attendre que le rideau tombe. ç'aurait pu être plus fadasse. y'a bien des bouffes de famille où faut savoir en imposer, caler les prestiges entre deux parts de cheese cake et une gorgée de café. de ces bouffes qui s'éternisent jusqu'au soir et rebelote deux mois après - pour la forme, pour le trophée de celui qu'aura le plus rétamé les autres. faudrait pas que ça se transforme en règlement de vie, en un power point qui fait des traits pour relier les branches de l'arbre - c'est plus dramatique, étrangement plus humain. selkirk chef malade, le fils prodige qui revient avec sa valise pleine d'histoires à raconter pour faire passer la misère en arrière-plan - au mieux dans les coulisses. il a pas vraiment de mal à imaginer le tableau, que ce soit dans le salon ou la cuisine, dans le jardin ou sur les deux pauvres marches qui mènent à la porte. la voix qui porte, la voix qui garde, la voix qui reste et qui marque à même le crâne les images qu'il a pu procurer. il laisse claquer un genre de ricanement sec à la commissure de ses lèvres alors que ses prunelles se perdent un peu plus sur les étages - toujours la même chose qui se répète, avec un coloris différent à chaque fois, à croire que rouge sera plus beau que vert, ou que bleu sera plus spectaculaire que violet. emballé c'est pesé, ça dégueule de peuple qu'une fois l'été arrivé ou la saint patrick annoncée - avant c'est comme foutre un coup de jus dans un animal déjà passez chez le taxidermiste, ça brûle la paille plus que ça laisse entrevoir quelconque spasme. il touche pas mais il phase sur un bibelot dont il comprend pas vraiment la forme, froncement de sourcils alors qu'il cumule les informations comme elles viennent - professeur, psychologie, désintérêt de la finance, retour au bercail, départ.

- vue la gueule des parapluies, y'a plus de chance que la grêle passe au travers qu'autre chose.
- puis les cartes postales, j'pense avoir fait tout l'tour de l'irlande. deux fois peut-être, ou trois. y'a toujours le même paysage qui ressort, va savoir si c'est triste ou juste drôle.

sans doute que depuis quatre ans y'a eu des changements, faut dire qu'à ce moment il a tout stoppé, échanges épistolaires foutus au feu, ignorés. laissé pour une boîte dans le fond du garage.
il aurait bien aimé, eoin, envoyer après le réveil un grattage de mots semblable à
oublie pas
ce qu'on était
m'oublie pas

à lui, à elle puis elle aussi - triade amoureuse, bermudes desquels il a toujours su sortir la tête.

- si un jour j'pars à l'autre bout du monde, t'auras d'autres cartes à punaiser.

il reprend la marche vague, jouerait presque le rôle intraitable d'un client qui voudrait ramener la plus belle marchandise du coin. rien lui vient - c'est pas que c'est moche, mais c'est qu'assez de grigris traînent chez lui, prennent la poussière et attendent leur moment de gloire.

- moi -
un temps.
- j'vis ici. depuis quatre ans.
deux temps.
- pas dans la ville même, plus vers la sortie, un peu plus loin.
trois temps.

y'a ses prunelles qui se perdent sur la fenêtre l'espace de quelques secondes, il jauge les plic et les ploc, capterait presque les ondes s'il était pas aussi réveillé - y' des journées anciennes qui lui reviennent, qui font brume dans sa tête, souvenirs sans doute modifiés avec l'entassement des années. restes de fantasmes, instants basiques à l'importance qu'était pas discutable pour lui - ç'aurait pu être plus beau encore.

- prof' hein... remarque ça fait sens.
- psycho ça m'perds un peu plus mais -

l'est personne pour juger.
- tant mieux.

et si tout va bien dans le meilleur des mondes, y'a pas à s'en faire.
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Aidan Selkirk

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MessageSujet: Re: forêt fantôme -- aidan   forêt fantôme -- aidan EmptyMer 10 Avr - 13:46


- - - - - ☽ ☽ - - - - -

forêt fantôme ◦ quelque part sur les toits de dùchann, il y a l’abstrait, le prolongement des rues jusqu’à la baie. la pierre, la brique. il a du mal à l’imaginer, eoin, dans un coin aussi reculé que celui-ci. ennuyé de la vrombissante capitale, faut croire que la rambarde a pétée sous son poids. il s’demande comment, il s’demande pourquoi, il s’demande comment une seconde fois. il y a quelque chose de foncièrement illogique dans ce qu’il dit, il manque les aiguilles à son réveil eoin. il s’est arrêté au mauvais endroit, à six fuseaux du rêve médiocre qu’il placardait dans tous les coins de son pauvre crâne.
mais c’était trop tôt pour changer d’avis. pour pourrir le testament. pour faire preuve d’imagination. desserrer la mâchoire. pour attester avoir choisi ceci plutôt que cela.
sourire sans parole suivi d’un nouveau haussement d’épaules alors qu’il attrape une carte postale sur le présentoir.

un rien pour impressionner
mais j’irai jamais chez toi alors j’te rends tes clefs.

d’ailleurs toutes les clefs - il attend pas qu’on le valide aidan, il attend pas qu’on l’oublie aidan, dans le hall de l’aéroport, les yeux rougis par les phares du taxi. finir planté dans le décor, mourir dès le début. il pensait, comme d’habitude, faire mieux.

- va savoir où tu pourrais aller.
silence, il sait pas trop où il pourrait aller eoin. il peut pas prétendre le connaître. c’est un peu tard et il y a pas suffisamment de place sur une carte postale non plus. au vu de sa dégaine il dirait pas qu’il a réussi aidan, étrangement. avec ce qu’il faut de préjugés pour en venir à un constat comme celui-ci. dùchann n’attire normalement pas les cadres en perte de vitesse.
- quatre ans ?
il repose sa carte postale en se pinçant les lèvres aidan. il y a ses sourcils qui se froncent un peu, il y a les rides qui se creusent un peu plus dans l’épiderme qui vieillit malgré lui. il a plus l’insouciance de ses vingt ans mais il a rien perdu de son esprit vif. curieux. intrusif, même, en quelques occasions.
- mais c’est beaucoup quatre ans !
silence.
- qu’est-ce que tu fais dans la région depuis quatre ans ?

il sait pas si la psycho c’est mieux qu’autre chose - sans doute que ça l’aide, aidan, à relativiser l’échec qui toque contre sa poitrine. à adopter une attitude positive. à comprendre les mécanismes et les faux contacts. à commencer en anglais, à sincèrement croire qu’il puisse être aimé. pourtant il a pas le courage aidan, de faire ploc avant la pluie. de lui proposer d’se tailler jusqu’au café le plus proche, de faire autre chose que plante verte au milieu du désert. il doute qu’eoin veuille occuper son temps avec un semblant de fantôme, même si c’était il y a longtemps, même si les seuls mots qu’il a gardé aidan sont sur ses lettres brèves et succinctes qui datent de plus de quatre ans. même s’il reste plus rien de lui dans ses bras et que ça fait cendres sur la mer.

- après, c’est quand même très chouette, dùchann.
il en croit pas un seul mot. sûrement à cause des touristes ou des photos de lui déguisé en indien qui ornent les murs de la maison de ses parents. c’est qu’il a pas l’impression de tirer dans le bon sens ici, c’est qu’il a l’impression d’être le mauvais côté de l’iceberg. c’est que sa seule satisfaction réside dans le fish and chips près de la plage.
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Eoin O'Shea

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MessageSujet: Re: forêt fantôme -- aidan   forêt fantôme -- aidan EmptyMer 10 Avr - 14:33


- - - - - ☽ ☽ - - - - -

forêt fantôme ◦ y pourrait y aller à pieds, à la nage, en courant, même à vélo s'il le voulait. où il a jamais vraiment su, jamais vraiment su tracer l'itinéraire du point a jusqu'au point b encore totalement inconnu au bataillon - l'a déjà ramené son cul dans le coin, c'est un début qu'il se dit toujours. aujourd'hui ici, demain potentiellement le monde s'il veut encore bien de lui - en attendant il a plus le courage de s'enfoncer dans la masse grouillante de la foule, il a besoin d'air, eoin, constamment besoin d'inspirer profondément pour remplir le palpitant - qui déconne et crache parfois un peu trop de sang. puis ça surprend aussi faut dire, de faire les retrouvailles de la décennie sans aucun tapis rouge - l'un, l'autre, rien à foutre ici, ils auraient pu se revoir des années encore plus tard mais au sommet de carrières respectives, à s'échanger des promesses de boîtes partenaires. là ça décale, il se sent à peine jaugé, eoin, avec sa veste rouge un peu délavée, son tee-shirt monochrome et son jean sans plus de gueule - il pète pas un clou dans le paysage. chez aidan y'a au moins la présence de la chemise qui donne un genre, qui fait presque sérieux s'il était pas sujet à raconter des saloperies ou des vannes pas toujours bonnes - ça le fait sourire, un peu baisser la tête. y'a la phrase par défaut qui retombe, plus savoir quoi dire exactement, y'a pas de dialogue écrit, c'est pas comme une belle répétition sur le plateau où tout le monde sait où se caler - y'a même des croix blanches au sol pour préciser l'emplacement - c'est plus violent.

- un genre de concours de circonstances m'a jeté ici. 'fin, j'me suis jeté ici. histoire de survivre encore un peu, histoire de pas avoir totalement de regrets et sortir du rang, pas seulement d'une jambe mais des deux, sauter dans le vide pour ressentir la brutalité d'un vent qui va dans l'autre sens, sauter dans le vide pour apprécier l'atterrissage qui casse quelques côtes - toujours nécessaire. ça a l'air de se calmer tout juste dehors, ça fait moins armaggedon - et il se sent sécher peu à peu, quelques cheveux qui rebiquent, rien à essorer.

- j'ai - hm.
pousse un soupir, laisse éclore un éclat de rire.
- écoute, tu veux pas juste qu'on s'prenne un verre un d'ces quatre ? on a juste l'air particulièrement cons à s'regarder dans le blanc des yeux comme des poissons morts.
- pas qu'ce soit dérangeant, mais avoue qu'c'est gênant.


main libre qu'il cale dans le fond de la poche de son jean, il laisse aller les pensées pour reprendre possession de sa carcasse lassée - l'a toujours la même carrure, aidan, la même formation dans les phrases aussi, à croire que les détails perdurent comme une tache de naissance sur la joue. il a le rictus sincère qui s'extirpe de ses lippes en un petit trait, la nostalgie qui lui refile un coup dans le thorax.

- à moins qu'tu veuilles pas, dans c'cas, bon.
- ce s'ra qu'une entrée et une sortie, sans cet oiseau en plastique à la con que t'as à la porte.

un temps.
- mais ouais, c'est chouette.
comme il dit.
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MessageSujet: Re: forêt fantôme -- aidan   forêt fantôme -- aidan EmptySam 13 Avr - 12:41


- - - - - ☽ ☽ - - - - -

forêt fantôme ◦ autant dès le début, il y avait pas à parier sur la conjugaison du verbe sourire au passé. maintenant c’était moins, éprouvé. plus essoufflé. plus regrettable d’enlever les ratures d’un stylo à la gomme. parce que c’était plus que quelques tâches bleutées, séchées, sur du papier. il aurait pas pu mieux faire de son après-midi aidan. il aurait pas pu mieux faire que de se réveiller sans mémoire. revenir sur ses pas boussole entre les pattes en plein milieu du cauchemar, à considérer que ça en soit un. il sait pas trop ce que c’était, c’était de la pluie à faire ploc. c’était à broyer les os un par un, le tout avec un fort anesthésiant. il s’était dit, que d’une façon ou d’une autre, eoin lui manquerait. et c’était vrai quand il a pris l’avion. et c’était encore vrai jusqu’à ce qu’il tisse d’autres liens. qu’il serre les dents par rangées, qu’il se perde entre son job et ses responsabilités. entre de curieux mots qu’il n’aurait pas l’occasion d’employer. alors ça suinte jusqu’à faire ploc par terre sans pour autant faire raz-de-marée émotionnel. maintenant. maintenant qu’il y avait de nouveau un visage sur ce prénom. maintenant qu’on sciait un par un tous les arbres de la terre pour y voir plus clair. pour faire comparaison avec la mauvaise pêche du jeudi matin.
il y avait des trucs à dire plus grand que l’abbaye de westminster. ce qui nécessite l’évitement d’un sujet plein d’épines. de jeter un bâton dans le piège à ours mal dissimulé sous les feuilles. la perspective de prendre un verre, de bière ou de whisky. d’anticiper le degré d’alcool nécessaire. puis s’écrouler dans sa chambre d’ado, chez ses parents, dans son lit trop petit.
- première fois depuis longtemps qu’on me traite de poisson mort.
peut-être bien que la dernière fois il avait douze ans aidan, mais ça l’fait rire. ça fait oublier la date entourée en rouge sur le calendrier du frigo et sur l’organiseur de son smartphone d’une toute autre couleur.
- mais non, bien sûr, ça m’dérange pas. pourquoi j’voudrais pas ? il plonge les mains dans son jean, récupérer son téléphone. il y a l’envie de boucler le truc qui titille ses phalanges. de récupérer le fil de l’histoire tout en prenant du recul. il sait pas si c’est une bonne idée mais l’a rien à perdre et rien à y gagner de porter quelques toasts pour la forme ou au nom du bon vieux temps. d’faire comme si la fin était moins importante que le début.
- t’es dispo quand ? on peut s’faire ça en soirée ? j’suis pas mal pris par cet oiseau de malheur en ce moment. on s’dit après 20h au murphy’s vendredi ? jeudi ?
il pianote déjà sur les pixels aidan, ministre de dùchann à s’y tromper. balance des disponibilités à la con sans s’enquérir de ce qu’eoin avait en tête.

- tu trouves que c’est gênant ?
il fait semblant mais il y revient aidan, sort de son écran pour l’occasion. parce que c’est pas approprié une boutique de souvenirs ? parce qu’on dirait une mauvaise blague opérée par de sales gosses ? ou parce qu’il a fait franchement pitié eoin, là, à sentir le clébard tout boueux.
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Eoin O'Shea

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MessageSujet: Re: forêt fantôme -- aidan   forêt fantôme -- aidan EmptySam 13 Avr - 13:57


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forêt fantôme ◦ y'a les voix qui ricochent et s'accordent un peu, y'a une genre de belle linéarité dans les ondes qui se croisent et disparaissent contre les murs. la dernière fois c'était pas aussi net, c'était un bordel sans nom, le genre qui demande pas s'il te plaît aux putes et qui laisse les cadavres sur le bord du trottoir. ça gueulait assez pour refiler un noeud dans les tréfonds du bide, ça gueulait assez pour la boucler et retourner sur le bureau, se pencher et retaper quelques notes au stylo noir - parce que fallait pas oublier le but d'une vie, au moins réussir, au moins se percher assez haut pour se vanter d'en avoir bavé jusqu'ici. résultat foireux, résultat douteux, un poil en peine et dans le manque à retardement du creux dans le pieu, il s'est bouffé l'uppercut qu'après l'année bouclée. faut dire que c'était ridicule - un peu minable aussi - d'à peine se saluer, d'à peine causer, fuir l'évidence désastreuse d'un mal regrettable comme des gosses qu'assument pas d'avoir explosés le miroir de maman - en écrasant au passage quelques rouges à lèvres. y garde quand même son rictus parce que y'a bien la vieillesse qu'a su poser un surplus de poussière par-dessus, c'en est devenu pas vraiment une cicatrice, juste une couche apaisante qui laisse à l'arrière les moments éparpillés - les cuites, les révisions, les pages qui tournent et détournent alors que y'a l'envie terrible de pioncer, mais de toute manière c'est pas comme si aidan écoutait franchement tout ce que le peuple avait à lui demander. soupçon d'un rire sec alors que les questions s'enchaînent, l'a pas le temps d'en placer une que le portable est déjà dehors, il fait qu'hocher la tête et se rapproche à nouveau un peu, termine face au comptoir et y cale ses coudes.

- vendredi ça m'va. plus proche encore et le voilà qui se met un peu à pianoter sur le bois avant de laisser retomber ses bras le long de son corps - un chouia moins trempé, ça laisse échapper quelques rayons dehors, tempête curieuse qui s'éparpille en plusieurs morceaux sur plusieurs décennies.

- ici gênant ? un peu ouais, j'trouve. 'fin après si tu veux taper causette entre les monuments miniatures, les tee-shirts et les cartes postales, on peut toujours. mais bon si c'est pour entendre la disquette de tu verras ici c'est chouette, on a tout à gagner à aller prendre un verre.
- un coup ou deux dans l'nez, c'est jamais d'trop.
- puis ça fait un moment qu'on a pas, parlé, pour de vrai j'veux dire.


salut salut c'était pas suffisant,
comment ça va non plus,
tu racontes quoi en deux-deux ça valait rien,
c'était que du chiqué, ça cachait un peu la rancoeur et le jugement dépité face à l'amertume ce qu'aurait pu être et qu'a pas été. dans le fond ça battait encore, dans le fond y'avait pas de drame à la manière d'une main crochue qu'arrache le palpitant comme un corbeau affamé - dans le fond c'était qu'un point au bout de la phrase, pique toujours, laisse comme une nostalgie, invite à la furie, puis s'accepte à un moment donné.

- un compte-rendu de tes mésaventures en chine ça prendra pas cinq minutes.
- sauf si t'étais dans l'optique métro, boulot, dodo.
- mais j'pense pas, ou pas trop.


selkirk qu'était pas fait pour suivre le courant, qui même la veille des plus grands papiers à rendre pouvait pas s'empêcher de se tailler pour se caler quelques pintes - dormir quatre heures c'était potable pour réfléchir, rafler la mise, terminer parmi les premiers de sa promo. qui pouvait pas se contenter du minimum tant qu'il pouvait avoir le maximum, qui d'un coup de pichenette envoyait valser le doute - qui foutait la rage, qu'attirait l'admiration et l'indifférence à la fois.

il remet convenablement son sac sur son épaule, réparti le poids des affaires d'un petit coup d'omoplate.

- vendredi, 20h, murphy's du coup ?
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