-- between ice and fire, lust and desire, arthur.

@arthur ridley + zara kelly
@red lion

Elle raccroche, verrouille le smartphone avant de laisser échapper un soupir, lasse. Légèrement contrariée, aussi. Contrariée que les vacances scolaires soient arrivées, contrariée d’être privée de sa progéniture pendant une petite semaine et surtout, qu’elle la passe avec le disciple du diable - son cher père. La personne dont la simple évocation ou énonciation du nom parvient à lui hérisser le poil en un temps records. C’est étrange, la façon dont des années après une séparation des plus hachurées et douloureuses, il a encore la main-mise sur certaines de ses réactions. Le léger sourire qui lui collait aux lèvres, provoqué par les dires de Charlotte disparait en l’espace de quelques secondes. Assise sur une pile de cartons dans l’arrière-boutique, elle salue la dernière
employée qui quitte les lieux, visiblement pressée. Elle fait cligner un oeil, c’est sa manière à elle de lui donner son aval. Il est vingt-heures passées et le week-end vient de débuter, elle ne peut que comprendre sa hâte. Elle, rien ni personne ne l’attend. Alors elle choisit d’occuper les minutes suivantes à faire les comptes, plier quelques vêtements et faire tout ce que tout le monde repousse à longueur de temps. Les corvées complétées, le silence qu’elle a pour seul compagnon commence à lui peser - la solitude aussi. Elle s’empare à nouveau du téléphone portable, ignore royalement les notifications lui signalant les nombreux messages de celle qui a eu le malheur de naître sept minutes avant elle. Le répertoire défile, et alors qu’elle n’y prête déjà plus attention, l’idée de faire un tour dans un coin spécifique de la ville émerge. Tout compte fait, peut-être qu’elle aussi s’amusera cette nuit-là. Zara jette un rapide coup d’oeil aux cabines d’essayage, à la surface du magasin dans son ensemble et ferme les lieux en prenant soin de baisser le store en ferraille qui couvre la vitrine. Voiture en marche, elle conduit d’une main assurée alors qu’elle remue sa tête au rythme de la mélodie saccadée que diffuse la radio locale.
C’est en une quinzaine qu’elle arrive à destination, se gare et traverse la ruelle qui la sépare du Red Lion. Un bar parmi d’autres dans la ville, mais un bar qui a participé à son émancipation réelle, qui l’a aidée à se façonner; qui l’a vu se casser et la gueule, apprendre de ses erreurs et mûrir. Elle se racle la gorge, passe l’entrée sans problème aucun; la jeune femme est restée une habituée de la maison. Les visages du personnels sont plus ou moins familiers, la clientèle, elle, reste la même - propre sur elle, puant l’indécence à tous les niveaux. Au comptoir, elle commande un single malt whiskey bien mérité - avalé d’une traite, « comme un bonhomme ». L’alcool lui brûle le pharynx, ça lui fait un bien fou et dans la foulée elle demande le patron. Parce que c’est le genre de choses qu’elle peut faire. Le genre de choses dont elle s’est octroyée le droit de faire il y a un certain temps et maintenant encore, personne ne rechigne à lui indiquer où est-ce qu’il se trouve. Qui oserait ? On la connait. Elle suit la direction indiquée par le signe de tête de la rouquine et traverse la pièce à pas de gazelle, fait claquer ses talons sur le sol boisé. Les têtes se tournent et les regards se font insistants; elle n’y prête pas attention. L’habitude ou le désintérêt total - au choix. D’une main ferme, elle pousse la porte qui stipule pourtant clairement l’interdiction d’accès à toute personne extérieure à l’établissement et s’engage dans le couloir qui mène aux vestiaires, sanitaires et salles servant à gérer la paperasse et autres tâches ingrates. Elle arque un sourcil, fait la moue et se remémore le temps où le Red Lion faisait partie intégrante de son quotidien, où il était son gagne-pain. Zara fait tourner la poignée du bureau qu’elle ne connait que trop, de la manière la plus naturellement assurée pour y trouver un Arthur visiblement au bout du rouleau. « Wow, okay. » Elle referme la porte derrière elle, d’un coup de pied sec et précis. « Besoin d’un remontant ? » Sans attendre qu’il ne lui donne une réponse, elle avance, assez pour poser son fessier et ses mains sur le rebord de la table qui lui fait face. « Tu fais un peu peine à voir, juste un peu. » Elle croise les jambes volontairement mises en évidence, alors que ses lèvres se plissent, narquoise.

» SCENARIO D'ARTHUR RIDLEY ○ 1/1 (prise)