- i'll fight for you (rhea)

De tout son long, il est allongé sur son canapé, regard tourné vers un téléviseur qui affiche un programme qui ne l’intéresse pas le moins du monde. Comme le cliché ambulant qu’il semble être, télécommande en main, il change de chaîne, encore et encore. Jusqu’à ce qu’un dernier soupir s’échappe d’entre ses lèvres et qu’il éteigne tout simplement tout. Il déteste les jours de repos Dimitri, car il a l’impression d’être comme en sommeil. Les choses lui échappent et il a l’impression de faire du sur-place. Il déteste. Sans attendre davantage, il se lève, et se rend dans la salle de bain où une douche bouillante l’attend et lui permet de se détendre. Il n’est pas stressé, c’est pas son genre, mais il est nerveux, le fils Valentino, encore plus quand il n’a rien pour s’occuper. L’eau chaude qui s’écoule sur son corps le relaxe et durant quelques minutes, il reste comme ça, immobile, l’esprit incapable de penser à quoi que ce soit. Il profite simplement de l’instant présent. Et ça lui fait un bien fou, à Dimitri. Parce qu’il ne le montre probablement pas assez, mais son esprit est sans cesse en fonctionnement. Alors il boit Dimitri, peut-être trop, tant qu’il paraît toujours si sobre qu’on ne le remarque pas vraiment. Il a juste l’esprit trop embrumé pour réellement réfléchir à ce qu’il fait, ce qu’il faut. Une fois sa douche terminée, le calvaire de trouver quoi faire revient, et il n’acceptera pas une nouvelle séance de zappette. Non, jamais. Sinon, celle-ci pourrait apprendre à voler et ni elle, ni le portefeuille de Dim n’apprécierait vraiment l’expérience, puisqu’elle irait rapidement s’écraser contre l’écran plat qui orne la pièce. Trop fragile pour supporter l’impact, il craquerait. Alors il ne réfléchit pas plus que ça, une fois vêtu, il attrape ses clés, et on peut entendre la porte claquer sur ses pas.
Il ne travaille pas aujourd’hui et pourtant, il peut pas s’empêcher de se rendre dans ce bar. Il en aime l’ambiance, c’est plus fort que lui. Quand il entre dedans, c’est comme s’il rentrait chez lui, il s’y sent bien, il salue un client puis deux, puis il perd le compte. Il salue également ses collègues, autant celui qui le remplace derrière le bar, que ceux qui sont en salle, ceux avec qui il a l’habitude d’échanger entre deux clients. Oui, il est bien là, il est à sa place. Alors, il perd pas de temps, il se rend au bar, il n’a pas le temps d’ouvrir sa bouche que déjà, son collègue dépose une bière devant lui. Il le connait si bien. Un signe de tête en remerciement, et il se retourne pour regarder ce qu’il se passe autour de lui, prenant dans la foulée une goulée de cette boisson qu’il apprécie tant. Rapidement, il est approché par Rita, une de ses collègues au sourire charmeur, entre eux, c'est platonique, complètement. Il le sait, mais parfois, il doute que la réciprocité soit vrai car elle semble ne pas savoir s'arrêté. Ca le fait sourire, Dimitri, parce qu'il sait que les échanges qu'ils ont, sont innocents. Vous commencez à échanger, comme vous le faites toujours, près l'un de l'autre, probablement trop, des sourires aux lèvres comme deux jeunes collégiens. « Je te manquais tant que ça? » Qu'elle lance, enjôleuse. « Ca doit être ça. » Qu'il lance, en buvant une nouvelle gorgée de sa bière, sans pour autant détourner le regard. Plateau entre les bras, elle se penche vers lui, envahissant clairement son espace vital. « Dans ce cas-là j'aimerais bien savoir ce que tu fais là? » Il se recule, parce qu'il se sent trop proche, il aime flirter, mais il ne veut pas dépasser certaines limites. Et le liquide ingurgité n'a pas le temps de quitter sa gorge, qu'une nouvelle fois fait son apparition. « Je suis curieuse de le savoir aussi. » Rhea. Elle est là. Il avale de travers. Il s'entruche. Il tousse, pour faire passer sa surprise. Il ne bouge cependant pas plus que ça, car il sait qu'il n'a rien à se reprocher, même si la scène pouvait paraître suspecte. « J'avais très envie d'une bière. » Qu'il lance, haussant les épaules, comme s'il s'agissait de la réponse la plus logique. L'apparition de Rhea a fait disparaître Rita. Elle s'est éclipsée, les laissant tous les deux. Il se penche pour l'embrasser, mais elle tourne la tête, si bien qu'il dépose un baiser sur sa joue. Chaste. « Qu'est- ce que tu-. » Il se tait au milieu de sa phrase. Parce que Rhea, il devait la voir. Ce soir. Et il est là, pas chez lui. Il a oublié. Il ferme les yeux, grimace à cette réalisation. Merde, qu'il peut pas s'empêcher de penser. « On devait se voir, j'suis désolé, j'ai oublié. » Pas la meilleure façon de s'excuser, qu'il pense, mais il est pas capable de mieux. « Je t'offre un verre pour me faire rattraper? » Qu'il lui lance tout mielleux, sourire aux lèvres dans l'espoir de se faire pardonner.

Rhea avait attendu avec impatience cette soirée, Dimitri l’avait invité à venir dîner chez lui. Rien de spécial, juste l’envie de passer du temps ensemble. Cela lui avait fait plaisir parce qu’elle avait l’impression ces derniers temps de passer au second plan. Elle avait alors enfilé une jolie robe ainsi que son plus beau sourire, sans oublier une bonne bouteille de chablis. Elle aimait passer du temps en sa compagnie, elle aimait la chaleur de son corps, la douceur de ses baisers et la sensation d’être dans ses bras. C’est sans doute pour cela qu’elle passait au-dessus de ses maladresses, de ses oublis, de son comportement inapproprié par moment. Elle l’aimait. Elle l’aimait si fort qu’elle s’en oubliait. Elle était devenue la fille qu’elle s’amusait à critiquer auparavant, celle qui pardonne, celle qui ferme les yeux et celle qui laisse un homme ne pas la traiter comme elle le mérite. Elle s’accroche pourtant, parce qu’elle sait qu’au fond Dimitri n’est pas méchant, il n’est pas mauvais, il est juste abimé, écorché vif. Il est différent. Malheureusement cela ne serait pas ce soir que Dimitri pourrait se rattraper pour ses maladresses. En effet, Rhea était devant sa porte attendant qu’il ouvre mais rien. Pas de Dimitri, pas de voiture. Il n’était pas là. La jeune femme ne pu s’empêcher de souffler tout en laissant échapper un léger rire. Elle se sentait vraiment naïve d’avoir pensé qu’il tiendrait son engagement. Elle avait deux options : rentrer chez elle ou aller le chercher et lui passer un savon. Elle décida de faire la seconde option. Il n’y avait pas 36 endroits où il pouvait être alors elle alla jusqu’à son bar, son endroit favoris. C’était sûrement sa priorité. Elle pris sa voiture et roula donc jusqu’à son bar tout en essayant de ne pas s’enflammer. Elle devait rester calme, zen. Peut-être qu’il avait une bonne raison pensa-t-elle avant de se mettre à rire. De qui elle se moquait ? Dimitri n’avait sûrement aucune bonne raison et elle allait encore se sentir bête, mais maintenant qu’elle y était autant entrer. Ainsi, Rhea aperçut Dimitri en charmante compagnon, celle de la serveuse. Elle l’avait vu plusieurs fois essayer de le draguer gentiment. Même si elle savait qu’il ne se passait rien entre eux cela ne lui plaisait pas de le savoir ici plutôt que chez lui. Rhea décida alors de s’incruster gentiment afin de rappeler à Dimitri qu’il n’avait rien à faire ici. Apparemment, il ne s’attendait pas du tout à la voir, à tel point qu’il en avala sa bière de travers. Pris en faute ? Elle ne pensait pas du moins pas à cause de cette serveuse. Mais pris en faute parce qu’il avait rendez-vous ailleurs. La jeune femme aurait eu envie de lui demander si elle ne le dérangeait pas trop, mais elle décida de ne pas le faire. Elle n’avait pas envie de faire de scandale, de passer pour la copine jalouse. Pourtant, elle se demandait bien ce qu’il y avait ici de plus qu’il ne trouvait pas à la maison pour oublier à nouveau leur rendez-vous. Dimitri pensait que lui offrir un verre pourrait tout arranger. Il agissait comme si ce n’était pas un événement récurrent, comme si elle était une de ses minettes qui accepte tout de sa part. « Encore. » Lâcha la jeune femme afin qu’il comprenne que ce n’était pas la première fois. Elle savait également que cela ne serait pas la dernière malheureusement. « Pas besoin, je rentre. » Rajouta Rhea avant de tourner les talons. Elle n’avait pas envie d’être cette fille boudeuse, mais elle était fatiguée de son attitude, fatiguée de le voir en faire le moins possible en espérant en tirer le meilleur. Elle avait vraiment l’impression qu’il ne prenait pas leur relation au sérieux et elle en avait assez d’attendre après lui. Alors certes, elle était venue jusqu’ici le chercher et repartir sans lui pourrait paraitre idiot, mais au moins elle savait qu’il allait bien. Elle ne se demanderait pas toute la nuit ce qui lui était arrivé.