› i'll be the strength in you. (gary)

i'll be the strength in you
gary x abbie

Sourire aux lèvres, assise sur l’un des bancs entourés des enfants de ta classe, tu fermes le livre que tu as commencé de lire il y a de ça quelques minutes. Tu prends soin de la ranger à l’endroit où tu l’as pris, expliquant bien aux enfants que chaque chose prise doit être remise impérativement à sa place. Car de cette façon, on ne risque pas de perdre les choses. La cloche annonçant la fin de la journée retentit dans tout le bâtiment. Les enfants se lèvent en même temps que toi, vont chercher leurs affaires. Certains viennent à tes côtés pour que tu les aides à s’habiller, chose que tu fais sans être contre. Une fois cette douce corvée terminée, c’est naturellement que tu obliges les enfants à se mettre en rang, afin de sortir dans la cour de l’école où une ribambelle de parents attendent déjà leurs enfants. Tu scrutes les visages du regard. Certains enfants partent rejoindre leurs parents et toi, tu ne cherches qu’après un seul. Gary. La main de la petite Alma dans la tienne, tu t’approches de lui lorsque tu le vois arriver. Ton coeur s’emballe au fil de tes pas qui se rapprochent de lui. Doux sourire sur tes lèvres, tu t’arrêtes à sa hauteur. — Bonjour. Je pourrais vous parler dans ma classe quelques instants ? Ça concerne Alma, dis-tu en laissant la petite rejoindre les bras de son père.

Gary avait donné deux cours ce matin, mais avait passé l’après-midi chez lui. Entre les rangements et les corrections de copie, il n’avait pas vu le temps passé. L’heure de retrouver Alma était arrivée. Il attrapa son manteau puis ses clés posées sur le meuble de l’entrée. Tous les jours, il retrouvait les mêmes parents devant l’école, discuter avec certains, échanger quelques regards avec d’autres. Mais chaque matin, chaque après-midi, il n’attendait qu’une chose, la revoir. Elle avait cette beauté naturelle, ce charme qu’il n’avait retrouvé chez aucune femme depuis Siobhan. La voir chaque jour lui faisait du bien, avait réussi à lui changer les idées. Et Abbie s’approcha de lui, main dans la main avec Alma. Sa fille lui sauta dans les bras et il la serra fort, heureux de la retrouver. Abbie demanda à le voir en privé. Il s’étonna qu’elle veuille lui parler de sa fille, pensant tout de suite à un problème avec Alma. Gary se mit à sa hauteur et lui dit d’aller jouer avec les autres enfants et une des institutrices de l’école. Il la regarda se fondre dans cette masse de rire puis suivit Abbie dans la classe. – Vous me faites peur là, j’espère qu’il n’y a pas eu de problèmes avec Alma. Il ne s’était jamais retrouvé en tête à tête avec l’institutrice de sa fille, mais il sentait la tension brulante présente entre eux.

Tu te doutes bien de ce que doit penser Gary en ce moment. Il se questionne, se demande ce que son adorable fille aurait bien pu faire. Et ça se comprend. Car tu n’as jamais eu le moindre problème depuis qu’Alma est dans ta classe. Que ce soit avec elle, ou même avec les autres enfants. Tu te sens chanceuse, d’avoir des élèves comme les tiens. Attentifs, travailleurs. Certes, tu dois faire des remarques de temps à autre, car personne n’est parfait. Tu as bien entendu des petits monstres, ceux qui se font toujours remarquer pour telle ou telle raison. Mais dans l’ensemble, tu as sans nul doute la meilleure classe. Alors venir trouver Gary et lui dire que tu dois lui parler de sa fille, ça ne te réjouit pas. Tu es attentive comme institutrice, tu ne veux pas que tes élèves soient mal dans leur peau. Et au vu du dessin qu’elle a récemment fait, tu t’es mise à te questionner. Encore plus quant à son comportement qui en découle. Tu regardes Alma partir vers les autres enfants, avant de te diriger vers ta classe où tu proposes à Gary de s’installer face à ton bureau. Tu prends place sur ta chaise, le dessin t’attendant sagement. Tu le prends en main, et le mets face à Gary. — Alma a dessiné ça, durant la pause tout à l’heure. Et j’ai été .. préoccupée. Oui, tu es préoccupée. Car on y voit Gary et elle, heureux et plus loin, une dame, qui doit être sa mère. Cette dame, elle a été dessinée et puis gribouillée par plusieurs marqueurs de couleurs, montrant qu’elle n’est plus la bienvenue dans sa vie. — Et ce n’est pas tout. Elle a giflé un des élèves lorsqu’il lui a demandé qui était cette personne dans le coin de son dessin. Je ne l’ai jamais vue aussi agressive. Tu laisses le temps au père de prendre connaissance de ce qu’il s’est réellement passé et tu lui laisses également le temps de digérer la chose. — Je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais j’ai préféré vous en parler. Ton professionnalisme prend le dessus sur toi, car tu ne te rends presque pas compte que c’est la première fois que tu te retrouves en tête à tête avec lui, et que ton coeur s’emballe un peu plus lorsqu’il pose son regard totalement perdu sur toi.

Ses yeux se dirigèrent sur Alma, s’assurant qu’elle rejoigne bien les autres enfants, avant d’entrer dans la classe suivie par Abbie. Il ne savait pas trop à quoi s’attendre, ce qu’elle pouvait bien lui dire à propos de sa fille. Et ce que l’institutrice lui dévoila le laissa sans voix. Jamais il n’aurait imaginé qu’elle puisse se comporter ainsi, elle qui était pourtant si tendre et si calme à la maison. Il ne savait pas vraiment où se mettre, n’ayant jamais pensé que l’attitude d’Alma pouvait causer tant de problèmes. Abbie lui montra le dessin et Gary fut frappé. Elle n’avait pas vu Siobhan, quand celle-ci a débarqué de nouveau dans leurs vies pour foutre un bordel sans nom. Il avait voulu la préserver, obtenir d’abord des explications et des excuses de la part de son ex-femme, avant qu’Alma ne puisse la voir. Mais Gary lui avait expliqué avec des mots d’enfants ce qu’il s’était passé. Le retour de Siobhan les avait bouleversés tous les deux et il s’en voulait de ne pas avoir vu que le comportement changeant de sa fille. Quel père indigne il devait faire. – Je suis désolé pour ça. Je ne m’y attendais pas. Il la regarda sincèrement, laissant de côté la joie que lui procurait la compagnie d’Abbie, pour des vraies excuses. La situation était tellement compliquée qu’il ne savait pas quoi faire. Laisser de côté sa rancœur et permettre à sa fille de voir sa mère ? Rester comme ça et priver Alma. Au moment où Abbie cessa de parler, il baissa la tête pendant quelques secondes. Il n’avait pas envie de raconter toute sa vie à une femme qu’il connaissait à peine, mais il n’avait pu se confier à personne pour le moment. – Disons que les choses sont assez compliquées en ce moment et cela n’aide pas Alma. Et moi non plus d’ailleurs. Sans qu’il ne sâche vraiment pourquoi, il avait quand même envie de lui raconter des choses. Abbie exerçait cette force sur lui, une force qu’il ne savait pas contrôler.

Tu ne te sens pas à l'aise Abbie. Pas du tout même. Mais il était important pour toi que tu en parles à Gary, ne pouvant laisser passer que telle chose. Ni laisser une telle chose se faire dans ta classe. Tu as de l'affection pourtant pour Alma, tu ne peux le nier. Cette enfant est douce et chaleureuse, mais tu remarques que malgré son jeune âge, elle comprend les choses. Et elle souffre la gamine. Tu te dis bien que Betty aussi, elle souffre de ne pas avoir de père. Ta fille, elle n'a jamais eu de présence masculine à ses côtés, depuis que ton fiancé a été déclaré comme décédé. Ta fille est la prunelle de tes yeux. Et tu comprends la réaction de l'homme en face de toi. Car toi aussi, tu tomberais des nues si on venait t'annoncer que ta petite fille a tapé un autre élève et qu'en plus de ça, elle a dessiné un dessin de la sorte. Ton cœur se serre dans ta poitrine lorsque tes Yeu se posent sur lui. Tu aimerais lui prendre la main, le rassurer, mais tu as peur que ce geste ne soit déplacé. Car après tout, vous ne vous connaissez pas. Tu entrelaces tes doigts entre eux, ne détachant pas ton regard de l'homme face à toi. — Vous savez, ce genre de comportement est .. normal pour un enfant. Ils ressentent énormément de choses, mais s'ils ne nous le montre pas. Ils expriment très souvent ça via des dessins. Tu te remets correctement sur ta chaise, reprend le dessin pour le mettre sur le côté. — Je .. je ne veux pas me mêler de ce qu'il ne me regarde pas, mais peut-être devriez-vous en parler à votre fille ? Et si vous en avez le besoin, vous pouvez également m'en parler, dis-tu presque timidement, plongeant ton regard dans celui du père que tu ne sais plus faire sortir de ta tête depuis quelques semaines. — Quoi qu'il en soit, même si Alma n'a que 3 ans, vous devriez vraiment lui expliquer les choses.

La situation était compliquée pour lui. Il ne savait plus trop quoi dire, ne voulant pas trouver d’excuses pour le comportement de sa fille, tout en sachant très bien que les raisons de son attitude étaient tout à fait valables. Tout déballer à Abbie serait peut-être plus simple. Au moins, elle saurait précisément pourquoi Alma a agis comme ça et pourrait à son tour aider la petite fille. L’institutrice était au courant que la situation familiale de la petite fille était légèrement compliquée. A chaque fois qu’il fallait remplir les fiches d’identité, Gary marquait le nom de Siobhan, mais précisait bien qu’elle n’était plus une personne à contacter. Siobhan faisait partie de la vie d’Alma, mais sur quelques bouts de papiers. Après tout, elle les avait lâchement abandonnés. Abbie était très douce et cela rassura Gary. Il n’aurait pas voulu qu’elle lui fasse des reproches sur sa façon d’éduquer sa fille. En ce moment, il n’avait pas besoin de ça. Sa vie était déjà un bordel monstre et il avait du mal à faire face à l’ouragan Siobhan qui était revenu dévaster sa vie une fois de plus. Finalement, il s’était rendu compte qu’il se portait mieux sans elle. Ou du moins, c’était sa colère et sa fierté qui parlaient. – J’ai essayé de lui en parler, mais même pour moi, la situation n’est pas claire du tout. Il se racla la gorge et lui lança un regard triste avant de continuer. – Vous savez bien que sa mère n’est plus présente dans sa vie. Mais elle est revenue frappée à notre porte il y a quelques jours. Et même si j’ai écourté la conversation, je me doute bien qu’Alma a entendu. A l’heure actuelle, tout n’était que chamboulement dans sa vie. Il n’avait aucune idée des intentions de Siobhan et c’est bien ça qui lui causait tant de soucis. Il ne savait pas si Abbie pouvait l'aider sur sa situation de couple, mais parler à quelqu'un de se problèmes lui faisait relativement du bien. L'oreille attentive de l'institutrice parvenait à l'apaiser quelques instants, même si il savait qu'une fois de retour à la maison, il ne parviendrait pas à penser à autre chose qu'à Siobhan.